Histoire

L'église Saint Jean-Baptiste de Bourbourg est l'une des plus grandes de Flandre. Elle a été construite dès l'origine avec le concours des religieux de l'Abbaye Saint Bertin de Saint Omer, décimateurs de la paroisse. Partiellement détruit par un incendie au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le chœur gothique de l’église Saint Jean-Baptiste ne fut pas ré-ouvert lorsqu’on rendit l’édifice au culte en 1962. Un mur de briques ferma les parties orientales de l’édifice, plongeant la nef et ses collatéraux dans l’obscurité.

 

L’histoire de l’église avant 1700 :

« Bourbourg, dont le nom signifie « castel des marais » (du flamand Bourbourg), était depuis le Haut Moyen-âge le siège d’une châtellenie. Les débuts de l’agglomération sont antérieurs à l’an mil, et remontent probablement aux VIIIème et IXème siècles, époque où commence à se peupler cette zone marécageuse tout proche du littoral.    
Le comte de Flandre Robert II de Jérusalem, de retour de croisade, concède ces territoires de marais progressivement asséchés aux moines de l’abbaye de Saint-Bertin de Saint-Omer, qui en deviennent les décimateurs. Par la suite, plusieurs couvents et abbayes voient le jour à Bourbourg, dont l’abbaye des Dames Nobles, fondée au XIIème siècle par Clémence de Bourgogne, comtesse de Flandre.
Une église est attestée à Bourbourg au XIème siècle, construite sans doute sur l’initiative des moines de Saint-Bertin. Les soubassements de maçonnerie irrégulière en grès ferrugineux, bien visibles sur les parties inférieures de la façade occidentale, témoignent d’un premier édifice roman de plan basilical.
Un nouveau choeur a été élevé vers le milieu du XIIIème siècle dans le style gothique ogival, inspiré de l’Île-de-France (les moines de Saint-Bertin avaient des relations fréquentes avec les couvents de la région parisienne) et éclairé latéralement par des fenêtres hautes. Cette partie de l’édifice constitue l’un des éléments exceptionnels du patrimoine gothique de la région Nord - Pas de Calais. Le chevet en est particulièrement remarquable, avec les colonnettes élancées qui encadrent les fenêtres à lancettes. On doit mentionner également les chapiteaux historiés ainsi que la clef de voûte où sont représentés les anges de l’Apocalypse sonnant des trompettes et celle évoquant le Bon Pasteur ramenant la brebis égarée. Le portail occidental présente un style de transition entre le roman et le gothique, avec la particularité qu’offre son arc trilobé reposant sur de fines colonnettes à chapiteaux.
Les transepts n’auraient été élevés qu’au XVème siècle, et l’église fut transformée en hallekerque (église-halle) vers la fin du XVIème siècle, par l’adjonction de nefs latérales entourant la nef principale restée romane. D’autres modifications considérables interviennent à cette époque, ainsi que dans les premières décennies du XVIIème siècle, avec la prolongation des transepts et la modification de la façade occidentale.
Des ancres du pignon ouest indiquaient -avant 1940- la date de 1571 et celles du pignon sud affichaient le millésime 1614. On considère que le clocher a été érigé à cette même époque.

L’histoire de l’église depuis 1700 :

Une première catastrophe affecta l’édifice en 1739, avec l’effondrement du clocher, qui, dans sa chute, ruina également la nef. Entre 1769 et 1771, la nef est entièrement reconstruite et surélevée. Une tribune d’orgue fut élevée en 1778, et l’instrument de trente trois jeux et son buffet y sont installés à la même date. .    

Ces objets, ainsi qu’une grande partie de l’édifice, seront les victimes d’une autre catastrophe, aux conséquences encore plus dramatiques, qui survint le 25 mai 1940, quelques jours après l’offensive allemande sur Dunkerque. Un avion s’écrase rue Carnot, et, au cours de sa chute, arrose d’essence enflammée la toiture de l’église : la charpente prend feu et s’effondre, l’incendie détruit partiellement l’église Saint Jean-Baptiste. Pendant plusieurs années, l’ensemble de l’église demeure sans toiture et sert de terrain de jeux. Par ailleurs, elle fait l’objet de nombreux actes de vandalisme avant que la nef ne soit restaurée grâce aux dommages de guerre à partir de 1955, par l’architecte en chef des monuments historiques Charles Waldschmidt (puis Etienne Poncelet entre 1982 et 1990). Le chœur ne fait l’objet que de consolidations et étaiements, et n’est pas restauré. Un mur en brique est construit entre la nef et le chœur, de manière à assurer dans de bonnes conditions les manifestations cultuelles.

 

Bibliographie sommaire :

  • DUPAS, Georges : Le clergé, les couvents et leurs biens dans la châtellenie de Bourbourg avant la Révolution, Galaad,
  • Dunkerque, 2000
  • DUPAS, Georges : Histoire de Bourbourg et de sa châtellenie, Westhoek-éditions, Dunkerque, 1978
  • DEZITTER, J. : Bourbourg et son église, Westhoek-éditions, Dunkerque, 1983
  • LOTTHE, Ernest : Les églises de la Flandre française au nord de la Lys, S.I.L.I.C., Imprimeur de l’évêché, Lille, 1940
  • Bulletin du comité flamand de France : Excursion à Bourbourg et séance du 6 juillet 1939, tome XI N°11, juillet-septembre 1939, Librairie René Giard, Lille, 1939